Le tant attendu Street Fighter (2025), réalisé par Chad Stahelski, redonne vie à l’univers mythique du jeu vidéo culte avec une ambition visuelle et narrative qui dépasse toutes les attentes. Dès les premières minutes, le spectateur est happé dans un tourbillon d’adrénaline pure, où chaque plan, chaque mouvement de caméra, semble chorégraphié avec une précision quasi militaire. La photographie, signée par Dan Laustsen, évoque les teintes néon et les contrastes saturés des années 90, tout en y injectant une esthétique moderne et nerveuse. On ressent une véritable volonté de réhabiliter le mythe de Ryu, Chun-Li, Ken et Guile, non pas comme des archétypes figés, mais comme des combattants habités par la rage, la loyauté et un profond sens de l’honneur.

Ce qui frappe avant tout dans ce nouveau chapitre, c’est la maturité du ton. Là où les précédentes adaptations tombaient dans la caricature ou la surenchère gratuite, ce film opte pour une approche presque spirituelle du combat. Ryu (interprété avec intensité par Lewis Tan) se débat entre la discipline et la tentation du pouvoir destructeur du Satsui no Hado. La relation entre lui et Ken (joué par Dacre Montgomery) est traitée avec une profondeur émotionnelle rare pour un film d’action, oscillant entre fraternité et rivalité tragique. Les scènes de dialogue, sobres mais chargées de tension, contrastent puissamment avec les affrontements spectaculaires, filmés en plan-séquence à couper le souffle.

La mise en scène de Stahelski est un véritable hommage au cinéma d’arts martiaux hongkongais, à la précision du cinéma japonais et à la rigueur hollywoodienne. Chaque combat devient une célébration de la physicalité et du contrôle du corps humain. Les chorégraphies signées par l’équipe de “John Wick” atteignent ici un degré de virtuosité rarement égalé : coups de pied en rotation, projections dans des décors explosifs, ralentis maîtrisés au millimètre près — tout respire la passion et la sueur. Mais au-delà de la technique, ce sont les émotions viscérales des personnages qui transpercent l’écran : la peur, la colère, la vengeance, la rédemption.

L’un des grands triomphes du film reste sans doute le personnage de Chun-Li, incarnée par Jessica Henwick, qui trouve enfin une incarnation digne de sa légende. Puissante, gracieuse et profondément humaine, elle incarne la quintessence du combat intérieur — celui contre soi-même. La réalisation lui offre de sublimes plans iconiques, rappelant les meilleurs moments du cinéma de Zhang Yimou, entre danse et duel. À ses côtés, Raúl Castillo campe un Guile charismatique, mélange de fureur patriotique et de mélancolie guerrière. Ensemble, ils forment une mosaïque de personnages magnifiquement écrits, où chaque combat devient métaphore de la survie dans un monde brisé.

Enfin, la bande-son orchestrale signée par Ramin Djawadi transcende l’expérience. Elle marie percussions tribales, synthétiseurs rétro et chœurs épiques pour créer une identité sonore à la fois nostalgique et futuriste. Le spectateur quitte la salle électrisé, conscient d’avoir assisté à une renaissance du mythe Street Fighter — un film qui allie spectacle et émotion, puissance et poésie, nostalgie et renouveau. C’est bien plus qu’une adaptation : c’est une déclaration d’amour au courage, à la maîtrise de soi et à la beauté du combat.
